mercredi 26 février 2014

95. W16. 10 novembre 1944 Rapport d'Edmond Duméril

Archives des Cinquante Otages de Nantes (1941)
10 novembre 1944
Rapport de recherche d’Edmond Duméril pour le préfet de Loire-Inférieure


Classement







Je transcris ci-dessous un document des Archives départementales de Loire-Atlantique.
Référence :
Fonds 1694 W Affaires de guerre
Dossier 16 : attentat du 20 octobre 1941.

Les astérisques renvoient à des notes (sous la transcription)


TRANSCRIPTION
Dactylographie

« 
            (mention manuscrite)                       Monsieur le Préfet


Otages arrêtés ou exécutés
à la suite de l’assassinat du Feldkommandant
Hotz, à Nantes (Octobre-Décembre 1941)

Dans les papiers de la Kreiskommandantur de Châteaubriant, déposés aux
Archives Départementales de la Loire-Inférieure, nus trouvons, dans le
dossier « Camp d’internement » les renseignements suivants :

N°) XLVIII         « Le Sous-Préfet demande de lui confirmer qu’il ne peut libérer
                          les internés qu’après autorisation des Allemands »
                                                 (18.10.44) (sic)
N°) XL              Réponse au Sous-Préfet
              « tous les Français mâles détenus d’une manière quelconque
                          par les Autorités françaises sont, depuis le 19.9.41,
                          considérés comme otages par le Ct militaire en France, si
                          c’est pour activité communiste ou anarchiste. Leur libération
                          ne peut donc s’effectuer qu’avec l’assentiment du Ct
                          militaire en France.
              Tous les autres internés peuvent être libérés quand leur
                          temps d’internement est achevé ».

Ainsi, à partir du 19 Septembre, tout détenu pour raison politique
était menacé d’exécution si un attentat se produisait sur un point quelconque
du territoire français occupé.
C’est en prévision du choix des otages à exécuter que la Kreiskommandantur
de au Ct. Du camp les renseignements suivants sur tous les internés : N

N°) XLII Demande au Ct. Du camp de renseignements sur tous les internés

« Nom et prénom, âge, domicile, jour de l’arrestation – autorité française
ayant effectuée (sic) – nombre d’enfants – Ancien combattant ? – Activité
politique anarchiste « qui a fait nécessaire l’emprisonnement ». Donner liste
pour le 17 et le compléter suivant les arrivées ».
Cette demande doit être la conséquence d’une visite du camp par le
capitaine des SS Martin Glöckner et le lieutenant des SS Herbert Böttger, le
12.X.41 (Autorisations N°s  XXXIX et XLI.

Feuillet 2

En ce qui concerne le choix des otages et leur exécution, rien ne figure
au dossier de la Kreiskommandantur. Nous retrouvons seulement, le jour même
de l’assassinat :

N°) XLIII                        Mesures spéciales de surveillance du camp pour le 20.10.41.

En manuscrit : mêmes mesures pour le 21.

1) l’escouade de garde occupe les miradors avec mitrailleuses et est logée
     auprès du camp.
2°) La Feldgendarmerie est en alerte.
3°) La gendarmerie française en est informée.
4°) Les internés doivent rester dans les baraques du 20 à 19 H. au 21 à
      9 heures. »

puis XVIV – Rapport du 21.10.41 (sur les 20-21) sur la garde par l’adjudant-
chef.      « A 21 H.30 une ronde a tiré sur un interné, on ne sait qui a été
              atteint ».

et XLV – Rapport du 22 (sur le 21-22)
Un coup de feu par un gendarme français : fausse alerte à 22 h.
   L’on sait qu’immédiatement après l’assassinat du Ct Hotz, 50 à 100 arrestations
furent opérées, surtout à Nantes et sur la côte, mais aussi dans le
département. Les personnes arrêtées étaient toutes des gens honorables,
ayant même souvent occupé des situations en vue dans les milieux politiques
ou économiques, ou encore des Israëlites. M. Blancho, député-maire de
St-Nazaire, ancien sous-secrétaire d’Etat, était du nombre.
Nous avions immédiatement supposé que les 50 autres otages – qui devaient
être exécutés deux jours plus tard seraient choisis parmi ces citoyens français.
Nos suppositions étaient exactes.
Nous n’avons pas trouvé dans le dossier l’ordre d’arrêter ces personnes
(celui-ci n’a dû figurer qu’aux archives de la police secrète). Mais nous
avons découvert l’ordre suivant, émanant du Chef militaire en France et
transmis par la Feldkommandantur 518, à la date du 4.12.41 :

Feuillet 3

FELDKOMMANDANTUR 518
Section Ic                    
                                                                         Nantes, le 4.12.41

Objet : Arrestation d’otages supplémentaires à la suite de l’assassinat
              « Hotz ».

Sur ordre du Chef militaire en France, Section IC, tous les otages
supplémentaires se trouvant à la prison française de Nantes ont été libérés,
excepté les Juifs ci-après :

              TARNOROWSKY
              SILBER
              EIFERMANN
              GLUCKSTEIN
              LOWENSTEIN

qui passent au camp de Châteaubriant.

                                                             KALBHENN

Cette lettre confirme que les personnes arrêtées sans aucun motif plausible
à la suite de l’attentat du 20 Octobre étaient destinées à fournir
les nouvelles victimes que choisirait la Gestapo. Elles n’ont dû leur salut
qu’aux multiples démarches entreprises à la suite de premières exécutions
et à la vague d’indignation et de stupeur qui avait frappé et ébranlé
les Allemands eux-mêmes et surtout les autorités d’occupation de
Nantes. Celles-ci dont formulé, d’après ce que nous savons, des protestations
assez vives à Angers et à Paris contre ce qu’elles considéraient
comme « plus qu’un crime, comme une sottise ». (conversations personnelles
avec le nouveau Feldkommandant von und zu Bodmann, avec le Kreiskommandant
de Nantes, von Hasselbach, avec le président du µConseil de Guerre
Dormagen).


(signature manuscrite)                                                          Duméril »

Notes

BORDEREAU
8 novembre 1944
Envoi du rapport au commissaire de la République d'Angers

Dactylographie

« 
                                      Le Préfet de la Loire-Inférieure
HB/JB                       à Monsieur le COMMISSAIRE de la REPUBLIQUE
                                                      ANGERS


M. DUMERIL, qui assura pendant l’occupation la Direction
du Service des Interprètes à la préfecture, procède en ce moment à
des recherches dans des archives trouvées dans les divers services
allemands après leur fuite du département.

M. DUMERIL a ainsi retrouvé trace de correspondances échangées
au sujet des otages qui furent exécutés en Octobre 1941, à la
suite de l’assassinat du Feldkommandant HOTZ, à Nantes.

Feuillet 2

Vous voudrez bien trouver, ci-joint, deux copies de la
note qu’il m’a remise.

                                                                         Le Préfet, »

































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